Après les deux premiers verres, la plupart soupiraient en se souvenant de leurs femmes et de leurs enfants ou se plaignaient du travail et pestaient contre les chefs. Nous sommes d’une étoffe particulière. Résumé et citations, 9e partie, p. 200 à 227. Ils n’avaient peur de rien. Monologue sur des victimes et des prêtres : Natalia Arsenievna Roslova, présidente du comité de femmes de Moguilev, « Enfants de Tchernobyl ». Je ne suis pas le seul… En tant que soldat, je fermais les maisons des gens et il m’arrivait d’y pénétrer. Personne n’a applaudi… Mes étudiants ont été bouleversés. Le commandant allume un moniteur de télévision. Il n’y a eu aucun ordre. Naturellement, leurs demandes n’ont pas été satisfaites. On nous emmenait dans la région de Leningrad. Lave le plancher. » (226) Il tient un dosimètre entre les mains. On envoie un robot japonais. Après la guerre, je suis rentrée du camp de concentration… J’ai survécu. Tableau des oeuvres, 1ère partie. En fait, nous ne l’avons pas compris. Vous n’êtes pas le seul à prendre soin du peuple biélorusse. Où fuir ? Il a prétendu que le type avait reçu une lettre de sa famille : sa famille le trompait. Et le premier secrétaire d’un comité du parti, c’était un homme ordinaire avec un diplôme d’études supérieures ordinaire, généralement ingénieur ou agronome. On ne croit pas les autorités, on ne croit pas les médecins, mais on n’entreprend rien soi-même. Je ne suis pas un homme de plume, je suis physicien. Nous avions foi en notre bonne étoile. J’aimais la science-fiction. Aujourd’hui, il me semble parfois que le monde est gouverné par quelqu’un d’autre et que, avec nos canons et nos vaisseaux spatiaux, nous sommes comme des enfants. Nous ne perdons pas le contact. Mais, après une ou deux bouteilles, on ne parlait plus que du destin du pays et de l’organisation de l’univers. Ils ne tremblent pas pour leur vie ! Récemment, j’ai regardé l’émission Moment de vérité, avec Alexandre Iakovlev, membre du Politburo, celui qui était du côté de Gorbatchev. » On parlait de Tchernobyl comme d’un accident, un accident ordinaire… Si j’avais déclaré qu’on ne pouvait pas sortir dans la rue, on m’aurait dit : « Vous voulez saboter la fête du Premier Mai ? Un autre était chargé de percer un trou, sur le toit, pour insérer un tuyau qui devait permettre de faire descendre les décombres. Les plus forts étaient la peur et l’impression d’outrage. Aujourd’hui, il est invalide au premier degré… Lorsqu’on nous a démobilisés, nous sommes montés dans les camions et l’on a traversé toute la zone en klaxonnant. Or, maintenant, j’ai envie d’écrire. Eh bien, vous avez la mémoire courte. Il tenait une pancarte : « Donnez de l’iode au peuple ! Tout le reste fonctionnait sans eux. (201) Mais c’est très mauvais ! Qui a besoin d’une telle vérité ? Olga avait une petite sœur. Je faisais en sorte qu’on exécute le plan que personne n’avait annulé… Durant les premiers jours, les gens n’éprouvaient que de la peur, mais aussi de l’enthousiasme. L’attente ininterrompue d’un désastre. En fait, nous ne l’avons pas compris. On ne m’a même pas autorisé à faire un saut à la maison pour prévenir ma femme. 12. Je ne créerai (196) jamais de spectacle sur Tchernobyl, de la même manière que je n’ai jamais mis en scène de spectacle sur la guerre. et les démocrates qui ont fait exploser Tchernobyl : je l’ai lu dans la presse. Chez nous, de telles choses étaient considérées comme de grands secrets. L’un de nous charge le bard, les autres en balancent le contenu dans le réacteur. Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse, Résumé établi par Bernard Martial (professeur de lettres en CPGE), Traduit du russe par Galia Ackerman et Pierre Lorrain J’ai lu n°5408. C’est une spécialité secrète. La supplication : tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse - Svetlana Alexievitch . Tableau des oeuvres, 5e partie. J’ai eu soudain une crise de rage… Au diable les secrets ! Ne comprends-tu pas à quoi tu t’attaques ? » Des arbres gris arrosés du liquide de désactivation. Dans les premiers jours, nos sentiments étaient mitigés. Des gosses nous entouraient. Mais vous savez déjà tout cela. ... La force de vivre et la mort 231 Fiche 21 – Citations 237. Ces gens avaient la victoire. Nous souffrons. Les enfants ordinaires, qui vivent dans (198) leurs familles, comprennent que c’est du théâtre. Mieux valait ne pas se demander d’où. » Au monde entier ! La Supplication : Tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse de Svetlana Alexievitch - On prétend que les animaux n’ont pas de conscience, qu’ils ne pensent pas. Sous les démocrates… Deux caisses de vodka… Gratuitement ! Mais j’ignorais quel sentiment l’emporterait, à notre retour. Muslims regard this as a profound act of worship. On nous arrachait au travail pour trois jours, sans la moindre explication. Notre peuple a toujours eu le sentiment d’être grugé. Pour rappel, en 2021 le thème du programme de français en prepa scientifique est la force de Vivre.. Les trois œuvres à étudier en français en prepa sont :. Je remarque soudain chaque détail de la nature. À la guerre, il y avait des détachements de barrage qui tiraient sur ceux qui reculaient. Les gens auraient alors moins peur de nous. Je me souviens des premières impressions, des premières rumeurs. Vous n'êtes pas suicidaire. On dit que la radiation n’a pas de couleur, mais les flaques étaient vertes ou jaunes, fluorescentes. Les journaux écrivaient : « Au-dessus du réacteur, l’air est pur. ), le nuage radioactif avance vers vous. Il m’est impossible d’aller chez eux. En tout cas, ils m’ont menacé de le faire. » On me prenait pour un, Dans les instructions de sécurité nucléaire, on prescrit la distribution préventive des doses d’iode pour l’ensemble de la population en cas de menace d’accident ou d’attaque atomique. Voilà bien le caractère biélorusse…Nos dieux sont des martyrs. sVetLana aLexieVitcH, La suppLication 73 Fiche 7 – L’auteur et le contexte historique et culturel de La Supplication 75. Nous avions peur de parler de ce qui venait de se passer. Ce n’est que plus tard que j’ai lu la Bible… Et que j’ai épousé une deuxième fois la même femme. On devait justement promouvoir Sliounkov à un poste important, à Moscou. Elle avait dû comprendre. Et ils ont obtenu le résultat souhaité : j’ai été victime d’in infarctus… J’ai tout marqué. Je l’ai fait à la mort de, et j’ai noté ce qui se rapportait à Tchernobyl depuis le premier jour. Pourquoi ai-je perdu tant d’heures et de jours devant la télé ou un tas de journaux ? D’autres ont cessé d’aller au marché et d’acheter du lait et de la viande, surtout du bœuf. Aujourd’hui, il est invalide au premier degré… Lorsqu’on nous a démobilisés, nous sommes montés dans les camions et l’on a traversé toute la zone en klaxonnant. Parler de curies, de rems, de röntgens, ce n’est pas une interprétation. Il est probable que, si on les interroge, les gens conçoivent les mêmes images de l’apocalypse : explosions, incendies, cadavres, panique. La nature renaît mais la dépression règne. J’ai demandé au représentant du comité de district du parti, qui nous accompagnait si le tractoriste était protégé par un masque. 12. « Ce n’est pas une plaisanterie, me répondit-on. Monologue sur des victimes et des prêtres : Natalia Arsenievna Roslova, présidente du comité de femmes de Moguilev, « Enfants de Tchernobyl ». Vous pouvez regarder avec profit la série Tchernobyl qui s’inspire de La supplication. Nous avions des dosimètres. Il me reprocha de semer la panique. Je savais que beaucoup de choses finiraient par être oubliées, par s’effacer. Écrivain et journaliste biélorusse, dissidente soutenue par le PEN Club et la fondation Soros, Svetlana Alexievitch est aussi l’auteure des Cercueils de zinc et de La supplication. Et ils ne parvenaient pas à croire qu’ils, à Tchernobyl : ils ne bougeaient pas pour autant…. J’avais trois ans lorsque j’ai été déportée avec ma mère, en Allemagne, dans un camp de concentration. Partout ailleurs, nous sommes des étrangers, des lépreux. Et lui leur répond : « Eh oui, j’ai tout perdu, mais que de souris crevées ! Je n’irai plus dans la zone alors que, avant, cela m’attirait. C’était cela, notre travail. La Supplication : Tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse. J’ai pris les carnets d’adresses de ma femme et de ma fille et j’ai entrepris d’appeler tout le monde : Moi, chef de laboratoire de l’Institut de l’énergie nucléaire, je vous annonce qu’un nuage radioactif traverse notre ville… Et j’énumère les mesures à prendre : se laver les cheveux, fermer les fenêtres et les lucarnes, relaver le linge qui sèche dehors, boire de l’iode. En fait, personne ne comprenait les dimensions de ce qui se passait. 14. La plus courte : « Ils formaient un bon peuple, les Biélorusses ! On les intimidait de la même manière. Les gens y vont comme dans un cimetière. Dans le bus, nous étions une quinzaine, tous des officiers de réserve. confisquait même les pellicules aux équipes de télévision. De plus, on annonçait par les haut-parleurs intérieurs qu’il ne fallait pas quitter les bâtiments. C’était à Khotimsk, un chef-lieu de district. Si quelqu’un avait vu l’évacuation d’en haut, il aurait pensé que la Troisième Guerre mondiale venait de commencer. C’est un conflit de générations… L’avez-vous remarqué ? Nous souffrons. Ils n’ont pas compris que le siècle n’est plus le même. Mais personne n’acceptait de me recevoir. Vers midi, les choses se sont précisées : un nuage radioactif couvrait tout Minsk. Même s’ils sont vieux, même s’ils sont morts ! J’avais besoin d’une information complète. Nous sommes encore dans un pays stalinien. Et vous prenez des photos. Pour eux, c’est le synonyme de justice. Je n’ai pas pu me retenir : « On vous trompe ! Pourquoi je collecte tous ces détails ? À cette époque, je travaillais à l’usine tout en suivant mes études par correspondance, à la faculté d’Histoire. Monologue sur comment deux anges ont rencontré la petite Olga, J’ai mes propres archives. Personne ne croyait que l’on ne pouvait abattre le mur du Kremlin. De Gorbatchev et de Ligatchev. Les gens auraient peut-être senti que l’eau et le lait avaient un goût légèrement différent, mais cela se serait arrêté là. Ils ont alors décidé de partir et fait leurs valises. Mais si l’on met de côté les émotions et la politique, il faut reconnaître que personne ne croyait vraiment ce qui venait de se passer, même les scientifiques ne parvenaient pas à y croire ! Après Tchernobyl, c’est venu naturellement. Nous n’avons même pas de territoire historique. exécutez les ordres. Il y avait de tout. … Dans la presse, tout était mensonge… Je n’ai lu nulle part que nous fabriquions une sorte de cotte de mailles, des chemises de plomb, des culottes. Et on l’a pris. Ce sont des gens privés d’immortalité qui en tuent d’autres. Notre éternité, c’est Tchernobyl… Et nous, nous rions ! J’ai fait plusieurs interventions… De la propagande… J’ai visité une centrale : tout était paisible, solennel. C’était tout de même un homme normal. Dès que j’ai mentionné l’accident, la liaison a été coupée par le K.G.B. Vladimir Matveïevitch Ivanov, ancien premier secrétaire du comité du parti du district de Slavgorod. Je ne peux comparer cela à rien. Nous nous trouvions désormais tout près du réacteur. J’ai emporté des instruments pour mesurer le fond. Tchernobyl a ouvert un abîme, quelque chose de plus insondable que la Kolyma, Auschwitz et l’holocauste. Le monde n’a appris l’existence des Biélorusses qu’à la suite (223) de Tchernobyl. Article paru initialement le 2 mars 2016 sur TdC. Le fond de la radiation est normal. Et puis nous avons bientôt appris que l’on ajoutait de la viande contaminée justement dans ce saucisson-là car il n’était consommé qu’en petites quantités à cause de son prix élevé. Il fonctionne cinq minutes. Avec une hache ou un arc, ou même avec un lance-grenades et des chambres à gaz, l’homme ne peut tuer tout le monde. Le principal, c’est la vie et la mort. » C’était une véritable épreuve. » J’ai demandé aussitôt (184) où l’on m’envoyait. La campagne des semailles battait son plein. On les réclamera ! Cela a constitué notre fenêtre sur l’Europe. Si la guerre avait commencé, nous aurions eu des instructions, nous aurions su ce qu’il fallait faire. La Supplication : Tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse (en russe : Чернобыльская молитва. » Nous avons ri, nous avons juré. Cet extrait pourra être utilement employé avec la citation de La Supplication de Svetlana Alexievitch, et la citation issu du Gai Savoir de Nietzsche pour étudier l’attitude de chacun des trois auteurs envers Dieu et la religion – par exemple en étant rapproché de la critique du catholicisme par Nietzsche, mais sur d’autres prétextes (liés à la « dévitalisation » de la force de vivre). Nous avons considéré que c’était notre devoir. La Supplication, Svetlana Alexievitch : «Des bribes de conversations me reviennent en mémoire... Quelqu'un m'exhorte :- Vous ne devez pas oublier que ce n'est plus votre mari, l'homme aimé qui se trouve devant vous, mais un objet radioactif avec un fort coefficient de contamination. Ceux-là attendaient un miracle… Nous autres, Biélorusses, nous n’avons jamais eu d’éternité. C’est la mentalité slave. L’ai est peut-être pur, mais les doses énormes ! Je n’avais jamais entendu parler de césium dans le lait que nous portions dans les laiteries, ni de strontium. Nous qui travaillions au réacteur nous connaissons tous la solitude de la liberté... Comme dans une tranchée en première ligne… La peur et la liberté ! J’ai compilé pendant sept ans des coupures de presse, des notes, des chiffres. Le zampolit nous a réunis pour nous parler. … Nous sommes arrivés dans le village non évacué de Tchoudiany : 149 curies. Vous notez seulement ce qui vous convient ! Mais s’il a l’atome à sa disposition… Je ne suis pas une philosophe et je ne vais pas philosopher. Or, maintenant, j’ai envie d’écrire. Et lui leur répond : « Eh oui, j’ai tout perdu, mais que de souris crevées ! D’être libres… Ils habitent dans ces cottages comme dans des volières. Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire. Jamais ! Svetlana Alexievitch. vivre avec l’éternité, comme dans l’Ancien Testament : Untel a engendré Untel qui, à son tour… Nous ne savons que faire d’elle, nous ne savons pas. Le peuple soviétique devait riposter dignement à l’attaque ennemie. C’était effrayant, inhabituel… Les dosimétristes ont contrôlé mon bureau. On a demandé aux volontaires de faire un pas en avant. Moi, j’avais toujours un dosimètre dans ma serviette. La citation la plus longue sur « la force de vivre » est : « L'éducation n'est, en somme, que l'art de révéler à l'être humain le sens intime qui doit gouverner ses actes, préparer l'emploi de ses énergies et lui communiquer le goût et la force de vivre … Nous ne sommes pas capables de la concevoir. Svetlana Alexievitch a reçu de nombreux prix prestigieux pour son ouvrage La Supplication - Tchernobyl, chronique du monde après l'apocalypse (1997) (dont le prix de la paix Erich-Maria-Remarque en 2001). La direction demande des rapports sur l’avancement et le rythme des semailles. Nous, nous vivons ici, nous souffrons. Nous l’avons haïe cette femme-médecin qui nous gâchait la soirée. J’avais emporté mon appareil par hasard. Ils les rendaient après les avoir exposés à la lumière. Nous étions habitués à attendre qu’on nous dise les choses, qu’on nous les annonce. Je perds la raison, ma vue se trouble. Si je revois cela, si j’y pense, je vais tomber malade et, . Résumé établi par Bernard Martial (professeur de lettres en CPGE) Traduit du russe par Galia Ackerman et Pierre Lorrain J’ai lu n°5408. ». Et, une semaine plus tard, on emmène tout le monde dans des camions militaires. Tout poussait, on mangeait tout… Où sont-ils maintenant, ces radiologues ? Pendant les années 50 et 60, les physiciens du nucléaire étaient considérés comme une élite…C’était cela, l’extase. Les gens continuaient à travailler comme si de rien était. (Programme CPGE scientifiques 2020-2022). Pour les pensionnaires d’un orphelinat qu’on n’avait pas évacués. Personne n’a applaudi… Mes étudiants ont été bouleversés. Autres citations : Vous ne devez pas oublier que ce n’ est plus votre… Vous ne devez pas oublier que ce n'est plus votre mari, l'homme aimé, qui se trouve devant vous, mais un objet radioactif avec un fort coefficient de contamination.La Supplication - Tchernobyl, chronique du monde après l' apocalypse (1997)Citations de Svetlana Alexandrovna AlexievitchSvetlana Alexandrovna Alexievitch Sur les radiations, je ne savais que ce qu’on nous avait dit au cours de défense civile. Si l’on pouvait retrouver ceux qui ont donné ces ordres. (fix it) Keywords No keywords specified (fix it) Categories No categories specified (categorize this paper) DOI 10.3917/dio.207.0059: Comme la guerre. Ils nous demandaient ce qu’on leur avait apporté... En route vers la zone, nous rencontrons une vieille femme en jupe brodée et tablier, un balluchon sur le dos. J’ai vu comment d’autres gens se conduisaient. Étions-nous un grand pays ou non ? Monologue sur le pouvoir démesuré d’un homme sur un autre : Vassili Brissovitch Nesterenko, ancien directeur de l’Institut de l’énergie nucléaire de l’Académie des sciences de Biélorussie. De mon enfance, je garde des souvenirs qui ne ressemblent guère à cela… J’ai vu seulement un bon film de guerre dont j’ai oublié le titre. Avant-propos Cet ouvrage est conçu pour vous aider à vous familiariser avec les trois » Les deux femmes ont fini par se brouiller, l’une reprochant à l’autre son manque d’instinct maternel, la seconde de déserter. Des slips de plomb ! » Nous avons ri, nous avons juré. Un accident dans un réacteur… Ma première réaction a été de rappeler ma femme et de l’avertir, mais tous les téléphones de l’Institut étaient sur écoute. Il faut immédiatement traiter préventivement à l’iode toute la population et évacuer ceux qui vivent à proximité de la centrale. Comme au front. Nous avons deux États séparés par des barbelés : la zone elle-même et le reste. Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire. 15. Nous allons vous exiler dans des contrées éloignées. Nous avions un contrat avec l’Institut de physique nucléaire pour l’analyse de nos terres. S’il n’y avait pas eu Tchernobyl ! Si j’étais un criminel, pourquoi alors est-ce que je condamnais mon propre enfant ? » Le soir, on la faisait sortir dans la cour pour voir si c’était vrai… On fait des comparaisons avec la génération de la guerre ? Tableau des oeuvres, 3e partie. Que de témoignages perdus pour la science et pour l’Histoire ! La vie est une chose surprenante, mystérieuse ! On lui avait dit que l’incendie avait déjà été éteint. Alors, ils ont simplement débranché les compteurs. La cour s’est vidée aussitôt. On trouve dans la souffrance elle-même le sens et la raison de ce qu’on endure. Mais si la vodka n’était pas d’un grand secours contre les radiations, ses effets psychologiques étaient positifs. Et tous nos (221) doutes se dissipaient. Retrouvez La force de vivre Prépas scientifiques 2020-2021 : Hugo, Les Contemplations - Nietzsche, Le Gai Savoir - Alexievitch, La Supplication et des millions de livres en stock sur Amazon.fr. Le commandant était incapable de nous répondre. Après Tchernobyl…Quelque chose de trouble. Nous n’avons rien, à part la souffrance. Les primes et les combines misérables… Misérables en regard du prix de la vie… Le tragique et le ridicule se côtoyaient. J’expliquais aussi comment le boire de manière correcte. Nous sommes ainsi faits, que diable ! De l’iode ordinaire. Il a continué à. percer, à genoux. Des serviettes blanches pendent sur les poteaux pourris autour de zone, comme sur des croix. Nous avons passé la nuit à la gare. Il s’était pendu. La vie des paysans se déroulait en toute simplicité : les gens semaient et récoltaient. siècle. Ils ne semblaient pas le moins du monde effrayés. Et nous, élevés sous. Ils mesuraient la radiation jusque dans le borchtch et les boulettes de viande. L’apocalypse… L’hiver nucléaire… Tout cela a été décrit par la littérature occidentale comme une répétition avant le spectacle du futur. » Notre période de service était de 6 mois. Ma femme travaillait elle-même pour notre Institut. Elle brille dans le noir. « C’est un grave accident. Pendant deux jours, nous avons refusé de travailler dans les champs. Je ne pourrai jamais abandonner le sujet. Nos hommes politiques sont incapables de penser à la valeur de la vie humaine, mais nous non plus. À la guerre, il y avait des détachements de barrage qui tiraient sur ceux qui reculaient. Les premiers jours, nous avions peur de nous asseoir par terre, sur l’herbe. Il fonctionne pendant deux heures. INTRODUCTION “J’écris l’histoire des âmes” Entretien de Svetlana Alexievitch avec Michel Eltchaninoff mIChEL ELTChaNINoff: Il y a en Europe un drôle de pays où le temps s’est figé. Je n’y ai pas prêté la moindre attention. Il faut donner pour pouvoir partager… Tchernobyl est déjà un symbole… Une image. D’abord l’Afghanistan, puis Tchernobyl. Nous qui travaillions au réacteur nous connaissons tous la solitude de la liberté... Comme dans une tranchée en première ligne… La peur et la liberté ! Ils ne sont pas encore nés et nous avons déjà peur. On vendait des veaux des régions contaminées dans d’autres endroits, pour pas cher. J’étais assailli par un sentiment très particulier en voyant ce qui se passait. Il y avait installé son matelas et son oreiller. Quantité disponible : 1. Notre Institut a dressé la première carte des régions contaminées, tout le sud de la république. On était désemparés. Je n’ai donc pas vu comment on tuait des gens. Mais tout cela, c’est déjà de l’histoire… L’histoire d’un crime ! C’est horrible. Au total, 450 types de radionucléides différents. Seule, sans enfants. Il faut nettoyer la surface. Deux sont tombés malades, alors il s’en est trouvé un pour dire : « J’y vais ! Seuls peuvent comprendre ceux qui ont fait la guerre. Moi, je brûlais d’envie de monter sur le toit du réacteur. Je me souviens d’images d’une grande beauté.
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