Celle-ci peut être un conjoint non humain, un animal doté de pouvoirs magiques, un génie bénéfique ou malfaisant… Tous ces personnages peuvent être qualifiés par le terme latin, dont la racine étymologique indo-européenne a donné plusieurs dérivés qui traduisent une parenté sémantique en latin entre le monstre et l’idée d’avertissement (notamment par les dieux), . Le barde qui récite a mémorisé le canevas global du récit et la succession des figures. Il s’agit de la « corde à proverbe », qu’utilisent les chanteurs, du groupe kpélé, population qui vit dans la zone à cheval entre la Guinée et le Liberia. Cette dimension d’improvisation trouverait sa preuve, selon Parry et Lord, dans la présence de plusieurs traits stylistiques. Pour les ethnolinguistiques contemporains, la performance orale associe improvisation et mobilisation de la mémoire. Jusqu’à une époque donnée, parler de l’oralité dans une oeuvre revenait à y trouver des bribes de sagesse africaine qui n’ en … 8 Né en 1938, Bernard Zadi Zaourou a d’abord formulé l’esthétique du Didiga dans le poème Fer de Lance (Paris, P. J. Oswald, 1975). Dans les contes igbo du Nigeria, il est fréquent que le nom d’un personnage annonce ses qualités ou sa destinée. Il s’agit de la « corde à proverbe », qu’utilisent les chanteurs maîtres-kpados du groupe kpélé, population qui vit dans la zone à cheval entre la Guinée et le Liberia. 12 Commun à une grande partie de l’Afrique, le placement des enfants dans une autre famille est très répandu au Nigeria. Cependant, l’influence de l’oralité sur les littératures d’Afrique noire pose aujourd’hui la question de sa redéfinition. Au sens où nous l’abordons, une oeuvre ou un écrit dans lequel le rythme ou le style seraient ainsi proches - si vous me permettez l’expression - de la « parole parlée ». Les épopées du Jolof mettent en scène la vie des pasteurs. 4Tout en reconnaissant au récitant un rôle d’improvisation, les analyses actuelles de la littérature orale sont plus nuancées que celles de Parry et Lord. Il se base pour ce faire sur des schémas formulaires hérités de la tradition, mais aussi sur des mécanismes mentaux et procédés stylistiques qui lui permettent d’improviser des vers à la demande. Il s’agit aussi souvent pour la famille d’accueil d’avoir une aide pour élever ses propres enfants ou participer aux travaux domestiques. Les contes présentent généralement un développement linéaire du récit ; les romans ont une construction plus variée, dans laquelle l’ouverture peut se faire in media res, la situation initiale ou le dénouement n’étant indiqués que de manière succincte. Ces ouvrages honorent deux grands spécialistes de l’oralité africaine : (noté PN) est offert en hommage à Christiane Seydou et. L'art du verbe dans l'oralité africaine - E-Book - Ce livre expose les caractéristiques propres à ce mode de culture spécifique qu'est l'oralité africaine. 2Au cours de la première moitié du vingtième siècle, la notion de littérature orale a été éclairée par deux des premiers et principaux spécialistes du genre : Milman Parry (1902-1935) et son élève Albert Lord (1912-1991). 1Le critère de l’oralité a été convoqué dès l’origine par la critique comme l’un des critères d’approche possibles – et même privilégiés – de la production littéraire africaine. Zadi Zaourou l’a repris comme une métaphore de la quête poétique : comme le chasseur ou le féticheur mythique, le poète tente d’appréhender le monde dans une tentative à la fois démiurgique et imparfaite, qui révèle la grandeur et les limites de l’humain (AL, Soro). Trois récits wolof mettent en scène un jeune individu (garçon ou fille selon les versions) mal élevé, impoli et désobéissant qui se trouve confronté à un personnage étrange, une tête sans corps. Un article de la revue TTR (Rencontres est … En ce qui me concerne, l’Oralité ne s’entend guère plus de longues citations de proverbes où la tradition de naguère triompherait de la modernité ; l’Oralité n’est plus désignée par la déstructuration des genres littéraires, encore moins par l’emploi prononcé des paroles en langue. 18 Mwapetu, la cadette de Yele décide de découvrir Mbomo malgré les défenses que celui-ci lui adresse, aussi finit-il par l’avaler. Lorsqu’il délivre son récit, il combine improvisation et sollicitation de la mémoire à court terme, tel le professeur qui effectue une démonstration au tableau. Étudiant l’œuvre d’Homère, Parry observe que les épithètes qui caractérisent les héros permettent d’ajuster la prosodie en remplissant exactement l’espace compris entre la césure et la fin du vers. Il peut correspondre à la prise en charge de la scolarité et de l’éducation de l’enfant en réponse à une demande de ses parents. Littérature orale et civilisation de l'oralité en Afrique : Quelques barrières à lever pour une approche objective de la culture africaine moderne. Celle-ci aurait trouvé en cette source patrimoniale l'un … Dans le conte de Bilâli et l’oiseau insatiable, un jeune garçon a invité un petit oiseau à manger à sa guise. Le conte traditionnel peut s’interpréter comme la nécessité de respecter les mystères de la personnalité ou de la sexualité de son conjoint ; dans la version contemporaine, l’image du serpent pourvoyeur d’argent apparaît comme la métaphore des modes d’enrichissement illégaux et des dangers auxquels ils exposent (AL, Zame Avezo’o). Dans les contes igbo du Nigeria, il est fréquent que le nom d’un personnage annonce ses qualités ou sa destinée. Les épopées sont relatées lors de réjouissances populaires ou de faits sociaux essentiels pour le groupe, par exemple l’initiation des jeunes. L’oralité a été convoquée dès l’origine par la critique comme l’un des critères d’approche privilégiés de la production littéraire africaine. Analyse théorique de la littérature orale . L’épopée développe ainsi un récit collectif qui construit une identité idéologique ou culturelle. Un objet incarne bien cette alliance entre mémoire et improvisation. 11 Ainsi, la geste du héros Guelel qui protège la vache Thiwel que veut voler son ennemi Goumanel. Cest la rencontre de deux mondes : le monde de loral qui transmet de manière sonore des mémoires, un patrimoine culturel et le monde de lécrit classique. . Le groupe des chasseurs fait circuler la parole entre le monde des hommes et celui des esprits (AL, Ugochukwu). De façon habituelle, le passage à l’écrit se traduit pourtant par un lexique davantage recherché et par des descriptions plus développées et plus explicatives. Dès lors, la meilleure façon de la préserver est d’encourager sa pratique et de soutenir les droits et conditions d’existence des groupes qui l’ont créée (PN, Baumgardt). En Afrique l’oralité occupe une place très importante dans la société africaine traditionnelle, la majorité des informations ou des messages passent dans les proverbes, les contes, les devinettes, les adages, les sentences, etc. C’est aussi un récit de fondation qui présente l’origine de la divination par consultation du renard pâle et la naissance du héros guerrier et civilisateur Amaseru, le fils de Yasama (AL, Douyon)13. 5 Dans ce roman initiatique (L. Camara, Le regard du roi, Paris, Plon, 1954), un Blanc, Clarence, tente d’accéder à la connaissance de l’Afrique, symbolisée par ce roi dont il s’agit de capturer le regard. Et j’estime qu’il n’y a pas un moyen aussi efficace qu’une « écriture totale », par laquelle on parvient à concilier l’esprit de nos contes et légendes aux plus pertinentes exigences littéraires. Le conte antillais valorise la ruse du garçon, et la version aluku le courage de l’homme qui le sauve (PN, Platiel). La réussite des auteurs comme Kourouma et Sony Labou Tansi serait ainsi à l’origine de la perte de la qualité des ouuvres, du mépris des règles de l’écriture, remarquera plus tard Jacques Chevrier dans un article paru dans un numéro de Notre Librairie. Ces rumeurs présentent une forte ressemblance avec les contes traditionnels dans lesquels Yélé, la fille difficile, a épousé le serpent Mbolo qui a pris forme humaine pour la séduire, la couvre de richesses, mais lui interdit de pénétrer là où il vit18. L’Ivoirien Jean-Marie Adiaffi (1941-1999) revendique une écriture, du nom du tissu africain conçu comme un assemblage de morceaux multicolores. Mais, en près d’un siècle, les littératures africaines écrites ont considérablement évolué dans leur esthétique … On ne raconte pas la fin avant le début, ni des évènements présents avant ceux du passé. Les poètes bédouins procèdent de la sorte : ils composent des vers sans avoir à les retenir, disposant du concours d’assistants spécialement chargés de les mémoriser et de les rappeler à leur demande (PN, Casajus). Lors des réjouissances publiques, le chanteur s’appuie sur cet objet pour soutenir sa mémoire et retrouver les histoires et récits qu’il relate (AL, Camara). Les Contes recueillis et analysés par Christiane Seydou illustrent les institutions peules traditionnelles : monarchie, hiérarchie sociale, polygamie, pastoralisme. 3 La corde est d’usage individuel, et les signes généralement intelligibles par le seul maître qui a construit sa corde. Selon les contes, la figure peut jouer vis-àvis du héros un rôle d’auxiliaire ou d’agresseur. Il en est ainsi de la répétition sous ses diverses formes, de l’anaphore, de l’anadiplose1… Le récit oral progresse fréquemment selon des enchaînements phoniques, syntaxiques ou narratifs, procédé qui a pu être qualifié d’agrafage par l’anthropologue Marcel Jousse2 : par exemple, lorsque le barde décrit une assemblée, il commence par le chef puis descend la hiérarchie jusqu’au membre le plus humble. Unité mixte associant le CNRS et l’Institut national des langues et civilisations orientales, ce centre détient une place essentielle dans la recherche française. D. Monofila - qui signe l’article ci-dessous - est un intervenant régulier de ce Blog. Au début des années 2000, circulait dans les villes du Gabon une série de légendes urbaines présentant des hommes-serpents ou femmes-serpents. Le principal interprète en fut Guellaye, qui est mort en 1971. Que ce soit dans les romans, les nouvelles ou la poésie, le tirailleur est un personnage récurrent de la littérature africaine. URL : http://journals.openedition.org/etudesafricaines/14052 ; DOI : https://doi.org/10.4000/etudesafricaines.14052, Voir la notice dans le catalogue OpenEdition, Plan du site – Contacts – Crédits – Flux de syndication, Nous adhérons à OpenEdition Journals – Édité avec Lodel – Accès réservé, Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search. En Afrique de l'Ouest, la littérature est souvent orale et transmise par les griots. Le dicton « œil pour œil, dent pour dent » est logiquement correct mais considéré comme une mauvaise réponse. 16 Fils de roi, Jaak séduit une femme serpent qui l’aide à conquérir un royaume. 15Par l’abondance des réflexions, la diversité des approches et la justesse des analyses, ces deux ouvrages forment une référence indispensable sur les littératures orales africaines. Les hommes investissent dans les discours politiques et les proverbes, registres les mieux considérés qui permettent d’exprimer des talents d’orateur et de concentrer une sagesse ancestrale. Il voit celui-ci avaler toutes les provisions qu’il possède sans pouvoir se désengager. C’est ainsi qu’on peut écrire une oeuvre emprunte de l’Oralité en parlant de l’Académie française ou simplement de l’écriture littéraire de facture classique. « Concilier la parole des griots à l’esprit des plus pertinentes exigences littéraires. Mais la référence à l oralité, comme trait culturel spécifiquement africain, a été aussi l objet d un enjeu non négligeable dans l histoire de la critique appliquée aux littératures écrites dans des langues européennes, lorsqu elles ont émergé de façon significative à partir des années cinquante. Cette tête va pousser l’enfant à commettre des actes embarrassants et honteux. Ainsi que dans la société qu’ils reflètent, la parole circule en respectant de strictes préséances. Le pekaan est pratiqué lors des départs pour la chasse et des cérémonies d’intronisation. Celle-ci peut être un conjoint non humain, un animal doté de pouvoirs magiques, un génie bénéfique ou malfaisant… Tous ces personnages peuvent être qualifiés par le terme latin monitor, dont la racine étymologique indo-européenne a donné plusieurs dérivés qui traduisent une parenté sémantique en latin entre le monstre et l’idée d’avertissement (notamment par les dieux)15. Cette tête va pousser l’enfant à commettre des actes embarrassants et honteux. Ces deux rôles se combinent même dans certains contes complexes comme celui de Jaak et son épouse serpent16 (AL, Sega Touré). Au Nigeria, une série de contes igbo présente des enfants placés, reflétant la probable dégradation de cette pratique : les contes des années 1970 et 1980 montrent des familles rurales traditionnelles dans lesquelles l’enfant placé est traité comme les autres enfants. Les poètes africains actualisent eux aussi les figures de l’oralité traditionnelle, tout en se réclamant d’influences occidentales ou plus contemporaines. L’anadiplose est la figure par laquelle l’hémistiche initial d’un vers reprend l’hémistiche final du vers qui le précède. Cependant, elles développent également la mémorisation et l’intériorisation des normes collectives puisque la seule réponse reconnue comme juste est celle fixée par la tradition9 (AL, Sié Alain). L’épopée développe ainsi un récit collectif qui construit une identité idéologique ou culturelle. L’oralité a été convoquée dès l’origine par la critique comme l’un des critères d’approche privilégiés de la production littéraire africaine. Une fois dans la chambre, il se transforme en serpent et la jeune fille en meurt. Elle aurait, à sa naissance notamment, trouvé en cette source patrimoniale l’un des ferments de sa spécificité identitaire. Le problème qui se pose à tout traducteur face à un texte littéraire tient à une certaine dépendance par rapport au contexte du discours littéraire. Ce mot désigne à l’origine les épopées, empreintes de merveilleux et de mystère, que racontaient les chasseurs bété au retour de leurs expéditions. Dans son second roman comme dans sa thèse, Camara Laye décrit l’arrivée du roi dans un village, épisode qu’il extrait d’une épopée traditionnelle malinké. Sur le plan de la construction ou du rôle des personnages, la littérature écrite paraît également porteuse d’une plus grande complexité. Des observations similaires peuvent être faites en confrontant la version orale de l’épopée de Silâmaka et Poullôri et sa transcription écrite, récemment publiée en peul6. Discours de nouvel an de l’association • Actions pour le Congo-Brazzaville avec • Jean Marie Michel MOKOKO-France • (ACB-J3M), Stratégie : Refuser de se faire vacciner pour prendre Denis Sassou Nguesso dans son propre piège. Autre poète et dramaturge ivoirien, Bernard Zadi Zaourou a défini son art poétique en reprenant un terme issu de la tradition orale, le. En se présentant sous forme de texte, l´écrit semble bien être plus important en termes de volume que l´oralité et il faut bien noter que cela n´est pas le fruit du hasard. 8La littérature orale est par nature un phénomène social, qui s’intègre dans le cadre des normes de sa prestation ou de la communication interpersonnelle. Elle prend aussi en compte une situation d’échange où … . Il en est ainsi lorsqu’un texte est composé de façon préalable par un auteur, puis mémorisé par lui-même ou par d’autres chanteurs pour des performances ultérieures. De 1980 à 1987, il a dirigé une troupe de théâtre qui a créé une dizaine de ses œuvres, parmi lesquelles La termitière (1981). Le producteur artistique Maurice NGUESSO au chevet des « Bantous de la capitale », l’orchestre que les congolais glorifient. Tuée par son mari, elle est vengée par son fils Amaseru qui ravage et conquiert les villages de la famille de son père. Celle-ci aurait trouvé en cette source patrimoniale l’un … Le pekaan perd sa dimension professionnelle mais se trouve popularisé et renouvelé (PN, Ndiaye). Le conte, considéré comme une parole moins sérieuse, est avant tout l’apanage des femmes. 5Un objet incarne bien cette alliance entre mémoire et improvisation. 10 Dans le premier cycle, les personnages sont respectivement un jeune noble et son captif. Au Mali, le récit dogon de Yasama combine plusieurs fonctions. Sur le plan de la construction ou du rôle des personnages, la littérature écrite paraît également porteuse d’une plus grande complexité. Nous ignorons son identité, mais la parole authentique, celle qui se partage n’a pas de visage. . Au Mali, le récit dogon de Yasama combine plusieurs fonctions. Des milliers de livres avec la livraison chez vous en 1 jour ou en magasin avec -5% de réduction . L’oralité a été convoquée dès l’origine par la critique comme l’un des critères d’approche privilégiés de la production littéraire africaine. Et je n’ai donc pas besoin de la revendiquer ». Par exemple, il arrive que les épopées présentent des héros qui s’affranchissent des limites ou des lois du groupe. En 1970, il a entrepris la rédaction d’une thèse qu’il n’a pas achevée, Le haut Niger vu à travers la tradition orale. Les auteurs de la nouvelle génération insisteraient de leur côté sur le respect des règles imposées par l’écriture. Sans pouvoir rendre justice à toutes les contributions, nous présentons une synthèse de leurs principaux enseignements qui portent sur la théorie de l’oralité, ses formes stylistiques ainsi que sur son inscription dans les sociétés africaines. (PN, Oumarou Bâ). Koffi Kwahulé disait : « Quoi que j’écrive, l’africanité reste présente dans mon oeuvre. Les motifs de l’oralité et de la tradition occupent une place centrale dans Le champ littéraire africain. Le recours au proverbe peut être une façon d’adresser à l’autre conseil ou remontrance, dans des sociétés où, comme chez les Bwa du Mali, les relations interpersonnelles proscrivent des propos trop explicites (PN, Leguy). Respectueuse et proche de sa mère, Yasama accepte l’époux qui lui est imposé. Elle concourt à l’enrichissement du débat.. Bonne lecture ! Du reste à suivre le sens commun, l’Oralité serait définie comme le caractère de ce qui est « oral », par opposition à ce qui est écrit. Selon les contes, la figure peut jouer vis-àvis du héros un rôle d’auxiliaire ou d’agresseur. Désormais, on s’accorde à admettre que l’oralité soit à déceler à partir de la structuration narrative et de l’ articulation du récit ; à partir de l’usage des mots et du soin pris dans la composition d’une oeuvre. Le déclin de la société rurale traditionnelle et l’aggravation des difficultés économiques à partir des années 1980 semblent avoir entraîné une extension et une dérive de cette pratique, les enfants placés étant trop souvent déscolarisés et victimes de maltraitance. En outre, dans les contes, les personnages peu nombreux ont une fonction généralement univoque et explicite vis-à-vis du héros ; genre plus ample, le roman introduit davantage de personnages avec une présence qui peut être affirmée ou éparse, une position susceptible d’être nuancée (AL, Hoensch). Cependant, l’influence de l’oralité sur les littératures d’Afrique noire pose aujourd’hui la question de sa redéfinition. Baumgardt, Ursula & Derive, Jean (dir.). Au fond, toute la question est de savoir comment pénétrer au mieux l’âme de l’Afrique et la communiquer aux autres. Ce qui suppose avant tout une parfaite maîtrise des règles de l’écriture mais aussi des traditions africaines, sans lesquelles nous n’accoucherions que des oeuvres mortes et vides de tout contenu. Stratégie : Refuser de se faire vacciner pour prendre Denis Sassou Nguesso dans (...), Discours de nouvel an de l’association • Actions pour le Congo-Brazzaville avec • (...), Le producteur artistique Maurice NGUESSO au chevet des « Bantous de la capitale (...), Après le message de Sassou Nguesso sur l’état de la nation en 2020 : Filles et fils (...). L’oralité en tant qu’un trait distinctif de la littérature orale est très bien célébrée dans la littérature antillaise qui a pris sa source de la littérature africaine en raison historique. 2 Marcel Jousse (1881-1961), prêtre et fondateur de l’« anthropologie du geste » a particulièrement étudié les formes orales, la prière et la mémorisation par les enfants ou dans les sociétés rurales ou traditionnelles. Peut-être ce conte les moque-t-il au nom des anciennes valeurs païennes et ésotériques (PN, Tourneux). Les motifs sonores dans la littérature africaine europhone : exemple et jalons théoriques dans une perspective traductive. 13 La belle et libre Yasama cultive les céréales plutôt que de rester au village comme les autres femmes. Enjeux et perspectives pour comprendre et agir’’, un projet planétaire porté par l’Afrique. Le recours au proverbe peut être une façon d’adresser à l’autre conseil ou remontrance, dans des sociétés où, comme chez les Bwa du Mali, les relations interpersonnelles proscrivent des propos trop explicites (PN, Leguy). 7 Les deux œuvres présentent le parcours d’un narrateur confronté aux méfaits du colonialisme et s’achèvent sur l’annonce d’une libération. Quoi de plus pertinente que cette remarque par laquelle je termine cette note. L’ensemble des valeurs viriles forme le, à savoir le comportement distinctif de l’homme peul qui allie intelligence, courage, fierté et maîtrise de soi. Portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales, https://doi.org/10.4000/etudesafricaines.14052, Analyse théorique de la littérature orale, Formes stylistiques de l’oralité et de l’écrit, Les épopées peules et leur dimension identitaire, Le conte, reflet des structures et valeurs sociales, Catalogue des 552 revues. Sur chacun de ces fragments, est résumé un proverbe par une série de signes et d’abréviations. À l’inverse, dans les contes plus contemporains, les petites bonnes sont maltraitées par les adultes qui les accueillent (PN, Ugochukwu)12. La femme serpent ne peut pas lui donner d’enfant et dévore ceux qu’il a avec ses co-épouses, aussi Jaak décide-t-il de la tuer. L’Ivoirien Jean-Marie Adiaffi (1941-1999) revendique une écriture n’zassa, du nom du tissu africain conçu comme un assemblage de morceaux multicolores. Dans cette optique, la critique africaine globale redéfinit la littérature africaine comprise comme objet d’étude en vue de tenir compte de la manière dont le texte africain s’inscrit dans un réseau de textes qui comprend l’ensemble de la littérature mondiale et des contre-littératures mais aussi les autres types de médias. Par exemple, une étudiante rencontre un homme riche qui la séduit et l’emmène à l’hôtel. Ce mot désigne à l’origine les épopées, empreintes de merveilleux et de mystère, que racontaient les chasseurs bété au retour de leurs expéditions. Cette corde consiste en un chapelet qui réunit des centaines de fragments de calebasse mesurant chacun environ cinq centimètres. AccueilNuméros195Analyses et comptes rendusLittératures orales africaines. Mais la relation entre les deux champs ne saurait donc avoir été la même tout au long de ces années comme le montre l'auteur. L’oralité dans la littérature de la Corne de l’Afrique : traditions orales, formes et mythologies de la littérature pastorale, marques de l’oralité dans la littérature Thèse de littérature française Centre Pluridisciplinaire Textes et Cultures Ecole Doctorale LISIT Thèse … Ces deux ouvrages rassemblent des contributions qui ont été écrites pour la plupart par des membres du centre LLACAN (Langage, Langues et Cultures de l’Afrique noire). Voilà d’où notre inspiration dans le présent article qui porte sur l’étude de l’oralité dans La Rue Cases-Nègres de Joseph Zobel. Zadi Zaourou l’a repris comme une métaphore de la quête poétique : comme le chasseur ou le féticheur mythique, le poète tente d’appréhender le monde dans une tentative à la fois démiurgique et imparfaite, qui révèle la grandeur et les limites de l’humain (AL, Soro). Sans pouvoir rendre justice à toutes les contributions, nous présentons une synthèse de leurs principaux enseignements qui portent sur la théorie de l’oralité, ses formes stylistiques ainsi que sur son inscription dans les sociétés africaines. Pour ma part, toute « oralité » tout être respectueuse des exigences littéraires, et ce n’est pas en alignant des mots et noms africains ou des traditions ou bribes de sagesse africaine dans une langue tortueuse et ampoulée, qu’un auteur se dirait plus africain que cet autre respectueux et soucieux de la cohérence et la clarté dans son récit. 17 Le djinn avait rendu un sexe au héros châtré, mais lui demande son premier enfant. Il rend l’enfant quand le héros le lui apporte. Un conte de l’extrême nord du Cameroun relate l’histoire d’un enfant terrible (garçon ou fille selon les versions) qui s’en prend à toutes les valeurs sociales. La musique accompagne le récit et participe à la construction du sens. Ce souci esthétique et pédagogique peut être lié au statut plus durable de l’œuvre écrite et au souci de toucher un public plus large. Dans le chapitre suivant, Mme Baumgardt s’emploie à situer le champ de la littérature orale africaine dans les champs voisins de l’oralité seconde (texte oral répercuté sur une transcription), de la réécriture et de la néo-oralité. Dans la société igbo du Nigeria, chaque genre est pratiqué de façon privilégiée par un groupe social. . En effet, dans … … Dans le conte traditionnel, les héroïnes ont le plus souvent la vie sauve, parce qu’elles demeurent intégrées et protégées par leur environnement social ; à l’inverse, dans la version contemporaine, la rencontre avec le serpent est généralement fatale, la jeune fille étant dépourvue de protection dans l’anonymat de la grande ville. La parole donnée constitue le ressort narratif de plusieurs contes peuls. Ces mutations ne seront pas sans conséquences sur les études consacrées à l’oralité L’oralité a été convoquée dès l’origine par la critique comme l’un des critères d’approche privilégiés de la production littéraire africaine. L’édition écrite joint aux signes de l’oralité un lexique plus soutenu, des notes et des explications visant à permettre sa diffusion auprès d’un public plus large (PN, Bourlet). L’oralité constituant le fondement même des sociétés africaines, l’écrivain africain se voit victime du poids d’une « hypoculture ». L’homme est célébré pour sa fierté et ses valeurs guerrières, et la femme pour sa beauté et son élégance qui attestent de sa féminité (PN, Abomo-Maurin). Les ressorts narratifs en sont bien souvent les razzias du bétail, conflits entre fratries, rivalités entre co-épouses. Ses travaux combinent enquêtes de terrain et analyse globale du fait linguistique, selon des approches d’ethnologie mais aussi de théorie littéraire, analyse linguistique ou stylistique. À l’inverse, dans le conte Issa Balêyel, le djinn libère le héros de sa parole une fois que celui-ci l’a respectée17 (AL, Baumgardt). Jugeant ce procédé trop complexe et trop systématique pour être le fait d’un auteur unique, Parry y a vu l’héritage de plusieurs générations d’aèdes qui ont, au fur et à mesure de leurs improvisations, sélectionné sans s’en rendre compte les épithètes les mieux adaptés à la prosodie. 1 L’anaphore est la répétition de vers commençant par les mêmes segments. La tradition orale occupe ainsi une place importante dans l’histoire africaine, comme le soulignait Amadou Hâmpaté Bâ : « la tradition orale est au cœur de l’histoire de l’Afrique, de l’héritage de connaissance de tous ordres patiemment de bouche à oreille et de maître à disciple à travers les âges ». Les contes présentent généralement un développement linéaire du récit ; les romans ont une construction plus variée, dans laquelle l’ouverture peut se faire. L’oralité est souvent abordée selon un point de vue simplificateur : les littératures orales, pratiquées en milieu rural, dans des zones plus ou moins isolées et « traditionnelles », seraient conservatrices et incapables de s’ouvrir à l’innovation. » Par D. Monofila. Vincent Hecquet, « Littératures orales africaines », Cahiers d’études africaines, 195 | 2009, 833-840. Après le message de Sassou Nguesso sur l’état de la nation en 2020 : Filles et fils du Sud Congo : attention, mpila mosi keba ! Il en est ainsi de la répétition sous ses diverses formes, de l’anaphore, de l’anadiplose, … Le récit oral progresse fréquemment selon des enchaînements phoniques, syntaxiques ou narratifs, procédé qui a pu être qualifié d’agrafage par l’anthropologue Marcel Jousse. L’inscription du conte dans le contexte culturel d’une communauté est bien illustrée par les variantes du conte de l’enfant à la flûte, qui se retrouve dans trois sociétés très différentes : chez les Sanan du Burkina Faso, aux Antilles et chez les Noirs marrons aluku de Guyane. La littérature orale participe de ce que les linguistes ont qualifié de fonction conative, en ceci qu’elle vise à influencer le comportement des destinataires. Le conte traditionnel peut s’interpréter comme la nécessité de respecter les mystères de la personnalité ou de la sexualité de son conjoint ; dans la version contemporaine, l’image du serpent pourvoyeur d’argent apparaît comme la métaphore des modes d’enrichissement illégaux et des dangers auxquels ils exposent (AL, Zame Avezo’o). Le récit est accompagné de musique. De ce fait, l’écriture s’avère être le lieu par excellence de l’inscription, le dépositaire de cette culture. Comme les épopées orales, les contes reflètent les structures et valeurs sociales. Aux XVII, siècles, l’épopée pastorale relate des conflits pour la razzia du bétail, reflétant la violence qui déstructure alors les sociétés de Sénégambie. La femme serpent disparaît finalement dans la mer. « Rares sont ceux qui ont pu atteindre le talent des aînés », dit-il, comme pour reprocher à la génération succédant les Senghor et Césaire la légèreté et l’insignifiance de leur écrits. Dès lors, la meilleure façon de la préserver est d’encourager sa pratique et de soutenir les droits et conditions d’existence des groupes qui l’ont créée (PN, Baumgardt).
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